Avec le dépôt du permis de construire le 27 janvier 2010, le Village Vertical, coopérative d’habitants pilote, s’engage sur la voie de la concrétisation d’un projet qui place refus de la spéculation immobilière, solidarité et écologie aux premiers rangs de ses préoccupations.
Après plus de cinq ans de travail acharné, de discussions avec les architectes, de négociations avec les pouvoirs publics, de réunions, la dizaine de familles qui porte le projet le voit enfin se concrétiser une maison durable. L’immeuble a été édifié en 2012 sur un terrain de la zone d’aménagement concertée (ZAC) des Maisons neuves à Villeurbanne. Mais pour les villageois verticaux, il ne s’agit que d’une nouvelle étape dans une dynamique collective ambitieuse : « l’essentiel, pour nous, c’est d’inventer, dans ce futur immeuble, des modes de vie plus écologiques et plus solidaires. Nous concevons le Village Vertical comme un laboratoire d’écologie urbaine, une microsociété alternative ouverte et accueillante, au service d’un projet de logement véritablement social. »
Véritablement social, un habitat participatif , une ambition qui a conduit le groupe accompagné par Habicoop à s’inscrire dans la logique des coopératives d’habitants, qui en déconnectant valeur du bien immobilier et valeur d’usage se veut un rempart à la spéculation immobilière et au logement cher. Un modèle qui repose sur la propriété collective de l’immeuble dont les occupants ont le double statut de propriétaires collectifs et locataires.
Propriétaires-locataires
« Nous serons locataires de notre espace privé et propriétaires ensemble d’un espace plus grand », résume un membre du Village vertical. Chaque villageois, futur coopérateur s’est engagé à apporter l’équivalent de 20 % du devis de construction (1360 €/m2) de son appartement (Une part des loyers mensuels -780 € pour 85 m2- est destinée à rembourser progressivement les 80 % restants). Les sociétaires deviennent ainsi propriétaires de parts plutôt que d’un bien immobilier. La valeur des parts sociales, encadrée, est déconnectée de la valeur du bien ; si l’immeuble est revendu, la plus value ne peut pas être distribuée entre les associés. La coopérative propose ainsi un autre rapport au patrimoine : la fonction d’habiter et l’intérêt collectif priment sur l’investissement immobilier et l’enrichissement financier individuel.
Ecologiquement responsables
Le village vertical de Villeurbanne : si l’on ajoute à cela la volonté de maîtriser les coûts (afin d’offrir un habitat abordable et de qualité ), on aboutit à des sommes raisonnables pour habiter un immeuble qui se veut exemplaire sur le plan écologique. L’énergie « grise » (la pollution engendrée par la construction et la confection des matériaux) sera réduite par l’usage de bois et d’isolant écologique pour l’enveloppe du bâtiment, seule la structure porteuse utilisant le béton. Côté consommation, un toit solaire de plus de 600 m2 produira électricité et eau chaude. « Au minimum, ce sera un bâtiment basse consommation (BBC et HQE), mais nous visons mieux », explique t-on au cabinet d’architectes Arbor&Sens, qui accompagne le projet des villageois verticaux depuis déjà plus d’un an.
Les futurs locataires et associés du Village vertical ont planché sur l’intégration environnementale du bâtiment. Tout en répondant à l’obligation légale de créer des places de parking, la coopérative louera deux places à Autolib’, la société d’autopartage de l’agglomération lyonnaise, qui profiteront à l’ensemble du quartier.
Solidaires
À l’intérieur, une buanderie commune, une salle de réception avec cuisine, quatre chambres d’amis seront gérées collectivement. Autant de lieux de vie à partager qui ont permis d’optimiser l’espace privé de chaque appartement tout en stimulant le « bon voisinage ». « Nous voulions créer de la solidarité mais sans être dans un entre soi », précise t-on. Les membres du Village vertical ont agrégé à leur projet l’Union régionale pour l’habitat des jeunes qui logera, dans quatre des quinze appartements de la résidence, des jeunes en insertion professionnelle. Autre partenaire du projet, la coopérative HLM Rhône Saône Habitat finance la construction de 24 logements destinés à l’accession sociale à la propriété, dans la continuité architecturale du Village vertical.